Résumé:
L’érosion hydrique des sols et la sédimentation des barrages en Algérie suscite un intérêt
particulier chez les pouvoirs publics vu la gravité du phénomène tant sur le plan économique que
social. Le présent travail a pour objectif principal l’évaluation indirecte des pertes en sols du
bassin versant de l’oued Mina (4900km2) caractérisé par un climat semi-aride,ainsi que le taux
d’envasement du barrage Sidi M’hamedBen Aouda (S.M.B.A).
L'étude de la variabilité des précipitations dans la zone d’étude porte sur les chroniques de la
période (1978/79 - 2009/10). Des méthodes statistiques de détection de ruptures au sein de séries
chronologiques nous ont permis de mettre en évidence une modification du comportement de la
pluviométrie, ces dernières dévoilentune augmentation brutale de la pluviométrie autour des
années 2006 et 2007.
L’analyse morphométrique du réseau hydrographique montre que le nombre total des cours
d’eau est égal à 10073, répartis entre divers ordres hiérarchiques, l’ordre supérieur du cours d’eau
principal est l’ordre 8. L’Analyse Géomorphologique Quantitative (A.G.Q) laisse apparaitre une
valeur de l’érosion spécifique de 834,1 t/Km2/an correspondant à 66,415 Hm3 de sédiments érodés
entre (1978/2003), ces deux années coïncident respectivement à la mise en eau du barrage et au
dernier levé bathymétrique effectué. Dans un premier temps, en comparant les résultats trouvés
avec le modèle (A.G.Q) et les mesures réelles nous constatons une sous-estimation avec une
erreur de 18,3%, par contre en additionnant le volume de vase trouvé par levé bathymétrique aux
volumes de sédiments évacués par les organes de vidange entre 1978 et 2003 l’écart augmente
jusqu’à 48,31%. Partant de ce résultat final le modèle (A.G.Q) n’est pas applicable pour la zone
d’étude.
L’évolution topographique de la retenue du barrage Sidi M’hamedBen Aoudaentre 1978 et
2003 montre que l’envasementde la cuvette est un phénomène non linéaire. L’application du
modèle P.I.S.A (PrevisioniInterimentoSerbatoiArtificiali) sur les sous-bassins de la zone
d’étudemontre une répartition variable de production des sédiments, certainement due aux
conditions lithologiques, topographiques, climatiques et d’occupation des sols. Le taux global
d’envasement estimé est de 136,589Hm3 (1978/2003) correspondant à une érosion spécifique de
1715,40 t/km2/an,l’estimation de l’envasement est obtenue par addition du taux de production des
sédiments de chaque sous-bassin.En le comparant au résultat trouvé par levé bathymétrique,
l’écarts’évalue à 68,02 %, mais en se référant au volume total du transport solide arrivé à la
retenue du barrage entre (1978/2003),l’erreur diminue jusqu’à 6,3%.Ainsi, on pourrait constater
pour le barrage S.M.B.A une compatibilité entre les estimations issues du modèle P.I.S.A et les
mesures réelles.
Afin de localiser la hiérarchie des zones vulnérables à l’érosion hydrique, on se base sur des
données de terrain, cette dernière nécessite l’utilisationd’un Système d’Information Géographique
(S.I.G).Nous avons superposé et analysé plusieurs facteurs, tels que la pente, la nature des
matériaux affleurant, le couvert végétal et le réseau hydrographique, à cet effet trois zones sont
distinctes.La partie septentrionale du bassin versant présente un ravinement dans un stade avancé
qui représente 10% de la superficie totale. Au deuxième degré la partie centrale Est renferme des
terres moyennement érodées avec une proportion de 57%. La partie Sud est une zone à faible
sensibilité à l’érosion hydrique, elle représente le tiers de la superficie. Partant de ce constat la
priorité d’intervention revient à la protection du barrage S.M.B.A contre un envasement précoce,
pour cela les travaux de lutte antiérosifs doivent être planifiés du Nord vers le Sud.
Dans une optique de développement durable, nous proposons des moyens de luttes antiérosifs
biologiqueset mécaniques. Chaque méthode employée consiste à respecter son site d’implantation
ainsi que leur recommandations techniques.La réalisation des travaux vise à augmenter la durée
de vie de l’ouvrage d’une manière économique.