Résumé:
L’étude réalisée vise trois objectifs : sélection de souches de Lactococcus lactis locales extrêmophiles, isolement, identification et dénombrement de quelques espèces de la flore intestinale résidente humaine et l’étude de l’interaction entre les souches lactiques extrêmophiles et les espèces isolées de la flore intestinale. L’étude de la survie de vingt souches de Lactococcus lactis pure et de dix associations bactériennes nous a permis de sélectionner treize souches pures et sept associations résistantes aux conditions extrêmes du tube digestif et qu’on les a qualifié d’extrêmophiles. A partir de selles d’un enfant âgé de huit ans, on a pu isoler six espèces représentatives de la flore intestinale humaine (E. coli, Enterococcus ssp., Lactobacillus ssp, Bifidobacterium ssp., Clostridium ssp. et Bacteroides ssp). Les espèces de Lactococcus lactis généralement et de Lactococcus lactis ssp lactis spécialement ont révélé une activité inhibitrice très importante à l’égard des bactéries Gram positif (Clostridium ssp et Enterococcus ssp), importante vis-à-vis des espèces Gram négatif (E. coli et Bacteroides ssp) et négligeable vis-à-vis de Bifidobacterium ssp et Lactobacillus ssp. Les substances responsables de l’activité inhibitrice se localisent dans les fractions extracellulaires. L’acide lactique produit par les souches ne joue aucun effet antagoniste alors que des substances de nature protéique appelées bactériocines ont provoqué des zones d’inhibition importantes. Ces substances sont fortement sensibles aux variations du pH (un pH compris entre 5 et 7 semblerait optimum pour leur fonctionnement) et aux enzymes protéolytiques. Les pourcentages d’inhibitions les plus élevés sont trouvés vis-à-vis des bactéries gram positif, la souche Lc.l9 a donné le meilleur pourcentage d’inhibition. Les bactériocines produites par Lc.l9 ont exercé un effet transitoire sur les espèces intestinales. Le nombre de Lactobacillus et Bifidobacterium augmente avec le temps d’incubation même après la disparition de l’espèce lactique. Au contraire, une diminution remarquable de la charge bactérienne de Clostridium ssp., Enterococcus ssp., E. coli et Bacteroides ssp. a été remarqué au bout de 6 jours de contact avec les lactocoques mais ces valeurs reviennent aux taux normaux après 7 jours. Les résultats obtenus montrent que les espèces de Lactococcus lactis survivent en harmonie avec les espèces banales de la flore intestinale (Lactobacillus ssp. et Bifidobacterium ssp.) tandis qu’elles limitent la propagation des souches qui peuvent menacer la santé de l’homme (spécialement Clostridium ssp. et Bacteroides ssp.), mais d’une façon transitoire.