Résumé:
Afin de stabiliser le microbiote intestinal et prévenir ou traiter les infections entériques, il est
suggéré depuis des décennies d’utiliser des bactéries lactiques dites « probiotiques». La consommation
de ces bactéries, qui sont des composants normaux du microbiote intestinal, aurait des effets
bénéfiques sur la santé. Cependant, leur éventuel rôle prophylactique ou thérapeutique n’a été que très
peu étudié.
Dans ce travail on a isolé 150 souches de bactéries responsables des diarrhées infantiles dans le
laboratoire de l’hopital Merouane Abed de Chettia-Chlef. L’étude des caractéristiques biochimiques a
montré que ces isolats appartiennent à 3 espèces bactériennes : Echerichia fergusonii (92%),
Salmonella enterica subsp. Diarizonae (7,33%) et Proteus mirabilus (0,66%). Leur identité a été
confirmée par séquençage du gène ADNr 16S.
100 souches de bactéries lactiques ont été isolées à partir de différents échantillons de lait cru de
vache, de chèvre et de chamelle collectés de différentes régions en Algérie. L’étude des
caractéristiques phénotypique, morphologique et biochimique a montré que 70 souches appartenant au
genre Lactobacillus. L’identification par galerie API 20E a abouti à différentes espèces : Lb.
plantarum, Lb. fermentum, Lb. gasseri, Lb. reuteri et Lb. acidophilus.
Suite à l’étude de la résistance aux conditions hostiles du tractus digestif, une souche à haut
profil probiotique et à forte activité antibctérienne a été sélectionnée. Elle a été identifiée et déposée au
GenBank suite au séquençage du gène ADNr 16S qui a montré qu’il s’agit de Lactobacillus platarum.
L’étude in vivo sur les lapins holoxéniques montre que la croissance de Lb. plantarum n’est
affectée ni par la présence d’EPEC ni par l’administration d’amoxicilline. A l’inverse, l’effet
antagoniste de Lb. plantarum à l’égard d’EPEC a été observé avec des taux d’inhibition atteignant
100% que se soit en présence d’amoxicilline ou pas, avec des taux de survie de 100% contre un taux
de 0% pour les lots ou les lapins n’ont pas ingéré de Lb. plantarum. Effectivement, les résultats des
observations macroscopiques et microscopiques des coupes histologiques réalisées à partir du tube
digestif (intestin grêle et colon) après dissection de l’ensemble des lapins montrent que les lapins qui
ont reçu l’amoxicilline associé ou non à une contamination à EPEC souffraient d’une sévère atrophie
intestinale avec une dégradation des tissus intestinaux (paroi et muqueuse). Néanmoins, un impact
moins important est observé chez les lapins qui ont subi une antibiothérapie associée à une
contamination avec EPEC et qui ont ingéré du lait fermenté à Lb. plantarum. Par contre, aucune
anomalie pathologique n’est observée chez les lapins qui ont ingéré du lait fermenté à Lb. plantarum
associé à une contamination à EPEC ou a une prise d’amoxicilline. Ces résultats montrent que le
nombre et la durée de survie de Lb. plantarum au niveau du tube digestif du lapin pendant l’ingestion
du lait fermenté à Lb. plantarum et après arrêt de celui-ci ont permis à ce dernier d’exercer des effets
probiotiques très satisfaisants