Résumé:
Dans la présente étude nous nous sommes intéressés à la valorisation des zestes de quatre espèces de Citrus provenant de la région de Chlef. L’analyse par CG/SM des essences a révélé une abondance de composés monotérpéniques dominés par la présence du D- Limonène (94.75 % pour C. reticulata, 87.38 % pour C. sinensis, 86.29% pour C. aurantium et 82.98% pour C. paradisii).
Pour l’étude de l’activité antioxydante, nous avons utilisé la bioautographie par β- carotène et par DPPH. La valeur IC50 est classée dans l’ordre de 1,9068±0,0912 mg/ml pour C. reticulata, 6,2086±0,0308 mg/ml pour C. aurantium, 12,7662±0,0736 mg/ml pour C. paradisii, la quercetine (IC50 15,9938±0,01284 mg/ml), 19,1567±0,0499 mg/ml pour C. sinensis, et le BHA (IC50 21,9938±0,01284 mg/ml). Les résultats obtenus montrent que les essences de Citrus réduisent de façon significative le DPPH, ceci pourrait être dû à la présence des monoterpènes, en particulier le β-pinène et le limonène dans ces essences.
L’activité anti-inflammatoire de ces essences a été testée avec la dose de 3 et 4 ml∕kg par voie IP après avoir provoqué l’oedème de la patte des souris (MORINI) par la carraghénine. Les résultats obtenus ont été comparés à ceux du traitement de référence (diclofenac de sodium). L'évaluation du pourcentage d’inhibition montre que ces essences présentent un effet anti-inflammatoire hautement significatif à une dose de 50 mg/kg du poids corporel, après une durée de 120 min pour la espèce de C. auruntium, après 150 min pour C. paradisii et C. sinensis, et après une durée de 180 min pour C. reticulata; les composés majoritaires (alcools, phénols, composés terpéniques et cétoniques) et leur effets synergiques peuvent justifier cette activité.
Parmi les 17 bactéries pathogènes testées, nous avons noté que l’essence de C. sinensis a montré une activité antibactérienne nettement plus prononcée pour les deux souches: S. aureus ATCC®29213 et ATCC®25923 (24 mm de diamètre) et pour S. epidermidis (32 mm de diamètres). Six souches pathogènes sont résistantes. L’essence de C. aurantium est un agent antibactérien pour la plupart des souches de collection avec un diamètre de zone d’inhibition de 22 mm. B. subtilis ATCC® 6633, S. aureus ATCC® 25923 sont très sensibles. Cependant, E. coli ATCC®25922, E. feacalis ATCC® 29212, P. aeruginosa ATCC® 27853 sont résistantes à cette essence. Nous avons noté aussi que 50 % des souches testées sont sensibles à l’essence de C. paradisii. Un diamètre de 21 mm a été constaté pour les extrêmement sensibles (S. aureus ATCC®29213, P. vulgaris et Streptococcus sp.). L’essence de C. reticulata a montré une activité antibactérienne positive vis-à-vis de 64 % des souches testées. Les bactéries qui sont très sensibles (S. aureus ATCC®25923, S. epidermidis et P. vulgaris) présentent un diamètre supérieur à 20 mm, et une activité antibactérienne négative a été constatée vis-à-vis de 36% des souches étudiées. Cependant, l’activité antibactérienne des essences des Citrus étudiées pourrait, en partie, être associée aux composants majoritaires (Limonène, Caryophullene, β-myrcene, β pinene, α pinène).
L’administration de l’essence de Citrus à la dose de 1% avec différentes voies (IV, IP, VO) prévient de façon significative respectivement la DL50 de 2920, 3560 et 4360 mg/kg avec l’essence de C. aurantium, 3400, 3720 et 4520 mg/kg avec C. reticulata, 2600, 2600 et 3080 mg/kg avec C. paradisii et 2760, 3560 et 4040 mg/kg avec C. sinensis. A ces doses, l’essence des Citrus s’est révélée faiblement toxique. L’évaluation de la DL50 de chaque espèce montre que l’administration par voie orale est très toxique par rapport aux autres voies et que l’essence de C. reticulata est très toxique par les trois voies (IV, IP et orale).
Ces résultats montrent que ces essences constitueraient une source potentielle de substances naturelles qui pourraient avoir une importante application dans le domaine agro-alimentaire et dans l’industrie pharmaceutique.