Résumé:
Dans la région de Chlef, au centre de l'Algérie, la culture des agrumes joue un rôle crucial sur le plan socioéconomique. Notre objectif principal est de mieux comprendre les espèces aphidiennes et leurs auxiliaires liés à cette culture, ainsi que de développer une stratégie de lutte alternative aux pesticides chimiques par l'utilisation de biopesticides d’origine végétale.
Nous avons entrepris un suivi exhaustif dans les vergers d'agrumes de la région de Chlef afin de recenser, identifier et inventorier les différentes espèces entomofaunistiques, en mettant particulièrement l'accent sur les pucerons et leurs prédateurs. Cette étude, réalisée dans trois vergers, vise à analyser les interactions de prédation et de parasitisme en vue de favoriser le contrôle biologique de ces ravageurs redoutables.
Simultanément, nous avons inventorié les espèces végétales aromatiques présentes dans différents milieux de la région de Chlef (friche, garrigue ou foret) et ayant l’effet pesticide susceptibles d’etre utilisées comme moyen de lutte biologique vis-à-vis des ravageurs des cultures en général et des pucerons inféodés aux agrumes en particulier. Après, nous avons examiné la composition de l'huile essentielle extraite des feuilles de Pistacia lentiscus L et de Juniperus phoenicea L à l'aide de la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse. Nous avons évalué également son activité insecticide in vitro et in vivo contre les pucerons du genre « Aphis », considérés comme une menace sérieuse pour la production d'agrumes en Algérie. Cette partie de l'étude inclut une analyse du rôle des composés phénoliques (flavonoïdes) extraits des feuilles de ces deux plantes médicinales sur un facteur biotique, à savoir la mortalité du puceron.
L'inventaire faunistique a permis de répertorier 7 espèces de pucerons appartenant à la famille des Aphididae, réparties en 3 genres (Aphis, Toxoptera et Myzus). Parmi elles, cohabitent 34 espèces auxiliaires, comprenant 30 espèces de prédateurs et 4 espèces de parasitoïdes. Quant à la flore pesticide, 47 espèces végétales ont été identifiées. Elles se répartissent sur 21 familles botaniques différentes dont les plus représentées sont les lamiacées et les astéracées et un peu moins les apiacées et les cupressacées.
Les résultats de l'activité insecticide in vitro et in vivo indiquent une relation positive entre la concentration des composés phénoliques (flavonoïdes) et le taux de mortalité du ravageur ciblé, ainsi qu'une corrélation positive entre les métabolites secondaires des huiles essentielles et l'évaluation de leurs potentiels synergiques sur les populations du puceron des agrumes.
Enfin, cette étude souligne l'effet significatif des bioproduits à base d'huiles essentielles sur le puceron d'agrume (Aphis). Ces résultats prometteurs ouvrent la voie à la mise en place de stratégies de lutte et de prévention contre cette espèce nuisible, avec l'espoir de réduire l'utilisation des traitements chimiques, essentiels dans la lutte contre ce ravageur et d'autres nuisibles, tant dans la région de Chlef que dans l'ensemble de l'Algérie.